La junte militaire au pouvoir au Niger a ordonné, jeudi 31 août, l’expulsion de l’ambassadeur de France dans une lettre adressée au ministère des affaires étrangères français. Selon ce courrier daté de mardi, l’ambassadeur Sylvain Itté « ne jouit plus de privilèges et immunités attachés à son statut de membre du personnel diplomatique de l’ambassade de France ».
Ses « cartes diplomatiques et visas » ainsi que ceux des membres de sa famille « sont annulés », précise la lettre, ajoutant que les services de police nigériens « sont instruits afin de procéder à l’expulsion » de M. Itté. Les militaires qui se sont emparés du pouvoir au Niger le 26 juillet et retiennent prisonnier le président renversé Mohamed Bazoum au palais présidentiel ont pris la France, l’ex-puissance coloniale, pour cible privilégiée.
En France, lors d’un point presse au ministère des armées mercredi matin, le porte-parole du chef d’état-major des armées a répondu à une question sur une éventuelle expulsion de l’ambassadeur : « Les forces françaises sont prêtes à répondre à n’importe quel regain de tension et à toute menace contre les emprises diplomatiques et militaires françaises, ou contre des ressortissants français. »
Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie au pouvoir, avec à sa tête le général Abdourahamane Tiani, avait demandé vendredi soir le départ de M. Itté, sous quarante-huit heures. Au moment même de la fin de l’ultimatum, dimanche soir, des milliers de personnes favorables au coup d’Etat ont manifesté à proximité de la base militaire française, brandissant des pancartes demandant le départ des troupes françaises. Paris soutient la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest dans toute action pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger.
Face au putsch et aux intimidations des militaires à Niamey, la France opposait une position de fermeté, arguant qu’elle ne reconnaissait pas le régime militaire. « Les putschistes n’ont pas autorité » pour demander le départ de l’ambassadeur, a ainsi fait savoir le ministère des affaires étrangères, vendredi soir. Lundi, Emmanuel Macron a réitéré cette position, estimant que « la faiblesse que d’aucuns ont montrée à l’égard des putschs précédents a nourri des vocations régionales », en référence aux coups d’Etat militaires qui sont successivement intervenus au Mali, au Burkina Faso, en Guinée, puis au Niger.
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