La circulation d’armes illégales en Haïti continue de soulever des questions sur la responsabilité des institutions religieuses et étatiques dans ce trafic. Des révélations récentes font état de la complicité présumée de personnalités influentes, exacerbant une crise sécuritaire déjà alarmante.
La question de l’origine des armes illégales en Haïti, source de violence quotidienne, a pris une nouvelle tournure avec les révélations de l’ancien sénateur Youri Latortue. Lors d’une conférence de presse tenue le 25 septembre 2024, M. Latortue a révélé l’existence d’un réseau de contrebande d’armes impliquant non seulement des personnalités étatiques, mais aussi des institutions religieuses.
Selon M. Latortue, plusieurs cargaisons d’armes ont été introduites en Haïti sous couvert d’exemptions fiscales habituellement accordées à des organisations religieuses et caritatives. Parmi celles-ci, l’Eglise Episcopale d’Haïti (EEH) aurait servi de couverture pour importer 29 de ces cargaisons. Cette manipulation des documents douaniers a été rendue possible par la complicité de hauts fonctionnaires des douanes.
Les implications de ces révélations sont considérables. L’ancien parlementaire souligne que ces armes ont été utilisées pour alimenter l’agitation dans les quartiers populaires, dans le but de réprimer les mouvements sociaux. Cette affirmation met en évidence un lien direct entre le gouvernement de l’époque et la montée de la violence armée dans les zones les plus vulnérables du pays.
Le rapport de l’ONU publié dans le cadre de la résolution 2653 confirme l’ampleur du problème, estimant à plus de 600 000 le nombre d’armes illégales en circulation depuis 2022. La majorité de ces armes proviennent des États-Unis et transitent par la frontière haïtiano-dominicaine. Cela souligne non seulement l’inefficacité des contrôles aux frontières, mais aussi l’enracinement des réseaux de trafiquants transnationaux.
Youri Latortue s’est engagé à remettre au Comité de justice et d’éthique tous les documents nécessaires à l’avancement des enquêtes. « Il est impératif de faire toute la lumière sur cette affaire et de prendre les mesures nécessaires », a-t-il insisté, réitérant sa volonté de collaborer pleinement pour mettre fin à ces pratiques.
Dans un contexte où l’insécurité règne en maître en Haïti, ces révélations ne font qu’accroître la responsabilité des autorités dans le maintien de l’ordre et la protection de la population.