La politique haïtienne est-elle devenue un jeu de chaises musicales où les ambitions se heurtent aux réalités du pouvoir ? Si l’on en croit la dernière déclaration du Dr Garry Conille, la réponse semble être oui. Après une lutte acharnée contre le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), dirigé par Leslie Voltaire, l’ancien Premier ministre tire sa révérence, non sans une certaine amertume.
Ce mardi matin, sur son compte X, M. Conille a officialisé sa défaite dans cette guerre de positionnement en publiant un message sobre mais lourd de sens : « Je prends acte de la nomination d’Alix Didier Fils-Aimé au poste de Premier Ministre de la République d’Haïti et lui souhaite plein succès dans l’accomplissement de cette mission. En ce moment crucial, l’unité et la solidarité sont essentielles pour notre pays. Vive Haïti ! »
Un message de résignation ? Ou plutôt une acceptation forcée de la défaite face à une manœuvre politique dont les fils semblent se tisser à huis clos ? Ce qu’il faut retenir, c’est que ce tweet sonne comme un adieu aux rêves de reconquête de la primature de Conille. Passé tout près d’une seconde chance, il est désormais relégué au rang de simple spectateur de la vie politique haïtienne, tandis que Alix Didier Fils-Aimé, fraîchement nommé, s’installe dans un fauteuil dont les bords sont effilochés par des dossiers de plus en plus complexes.
L’ancien Premier ministre, pourtant perçu comme une figure technocratique et pragmatique, semble avoir sous-estimé les forces politiques et sociales qui s’opposent à ses ambitions. Car au-delà des déclarations de bonne volonté et des promesses d’unité, c’est la réalité du pouvoir en Haïti qui parle : une réalité où les dynamiques de transition ne se laissent pas facilement dominer par des arguments rationnels ou de simples coups d’éclat.
Et si Conille se contente de jouer le rôle de spectateur, il n’est pas certain que l’arrivée de M. Fils-Aimé sur la scène politique marque la fin des tensions. Au contraire, sa nomination pourrait bien être le début d’une nouvelle bataille, où les lignes de fracture risquent de se creuser encore plus. L’unité et la solidarité, qu’il évoque dans son message, ne sont pas des réalités garanties ; elles se forgeront dans les mois à venir, à travers des compromis difficiles, mais aussi des confrontations que l’on imagine déjà intenses.
Conille, l’homme de la technocratie, s’efface ainsi devant un acteur politique moins expérimenté, mais qui semble disposer des appuis nécessaires pour prendre sa place au sommet. L’histoire, comme toujours en Haïti, s’écrit dans l’incertitude. Mais une chose est sûre : la politique reste un sport de combat, et le coup de Dr Conille dans cette affaire ne sera certainement pas oublié de sitôt.
L’avenir, plus que jamais, appartient à ceux qui savent manœuvrer dans l’ombre, et ce n’est manifestement pas Conille qui en détient la clé.