Le retour du Premier ministre Garry Conille d’un voyage de près de huit jours au Kenya et aux Émirats arabes unis soulève une série de questions sur l’impact réel de ses engagements en matière de sécurité en Haïti. Lors d’un point de presse tenu le 15 octobre 2024 à l’aéroport Toussaint Louverture, il a vanté la création de partenariats prometteurs et l’arrivée imminente d’un contingent de 600 policières kenyanes. Cependant, ces annonces, encourageantes en apparence, masquent une réalité bien plus complexe.
La question centrale reste la suivante : pourquoi ces promesses ont-elles été faites si souvent sans jamais se concrétiser ? La population haïtienne a déjà vu défiler des déclarations similaires, souvent suivies d’un silence assourdissant. Les partenariats avec les nations étrangères sont essentiels, mais ils ne doivent pas devenir une excuse pour l’inaction. Une dépendance excessive à l’égard de solutions externes pourrait réduire la responsabilité du gouvernement haïtien vis-à-vis de ses citoyens.
M. Conille a également mentionné les efforts visant à établir des collaborations dans les domaines de la sécurité, de l’énergie et de l’alimentation. Or, c’est précisément dans ces secteurs que l’État haïtien n’a pas respecté ses engagements. Les infrastructures énergétiques sont délabrées, la sécurité est un défi permanent et la crise alimentaire s’aggrave. Comment le Premier ministre peut-il garantir que ces nouveaux partenariats apporteront des solutions tangibles à des problèmes profonds ?
Par ailleurs, le déploiement de forces de police kenyanes, s’il est une initiative louable, ne doit pas faire oublier que la solution à la violence et à l’insécurité passe avant tout par une véritable réforme de la police nationale. Il est impératif que les autorités haïtiennes investissent dans la formation et l’équipement de leurs propres forces de sécurité, tout en garantissant un cadre légal et éthique rigoureux à leur action.
Le discours du Premier ministre semble promettre un renouveau, mais il reste à voir si ces paroles se transformeront en actions concrètes. Le temps des déclarations est révolu, le peuple haïtien mérite des résultats tangibles. En cette période de crise sans précédent, la prudence et le réalisme doivent l’emporter sur les vaines promesses. Garry Conille et son gouvernement doivent s’engager à faire de la transparence et de la responsabilité les pierres angulaires de leur approche, afin de restaurer la confiance d’un peuple épuisé par des années de déception.
Reste à savoir comment le gouvernement haïtien entend transformer cette valise de promesses en actions visibles et durables pour le bien-être de son peuple.