La violence armée a métamorphosé la vie quotidienne en Haïti, non plus comme un événement ponctuel mais comme un fléau permanent. Cette insécurité est alimentée par des gangs dont l’impunité est en passe d’être institutionnalisée. Mais au cœur de cette crise, l’attitude de l’Etat est à la fois choquante et révélatrice d’un abandon flagrant de ses responsabilités fondamentales. Le gouvernement ne semble guère se soucier du sort de sa population, plongée dans une angoisse permanente.
Les gangs, bien plus qu’une menace aléatoire, fonctionnent en réseau bien structuré et profitent de la peur quasi-religieuse qui paralyse la société. Chaque exaction, chaque acte de violence réitère l’impuissance des institutions, renforçant encore la méfiance entre la population et ses dirigeants. Ce rapport de force déséquilibré met en évidence une complicité tacite dans laquelle l’État, plutôt que de s’imposer comme le garant de la sécurité, garde un silence éloquent.
Les autorités, quant à elles, semblent plus préoccupées par les rivalités politiques que par les plaies béantes de leur pays. Elles n’ont d’yeux que pour les luttes de pouvoir qui, au final, renforcent les positions des fauteurs de troubles et abandonnent les citoyens. Sous couvert de discours détachés et de promesses creuses, ils maintiennent un statu quo qui permet aux gangs de se renforcer et de proliférer.
Dans cette descente aux enfers du peuple haïtien, les droits de l’homme sont non seulement bafoués mais deviennent des mots vides de sens. La violence des gangs ne connaît aucune limite, tandis que l’État s’obstine à fermer les yeux. La question est simple et crue : le gouvernement haïtien a-t-il encore la volonté d’assurer sa mission première de protection de la population ?
La situation en Haïti n’est plus une urgence. C’est désormais une crise existentielle dans laquelle l’Etat, au lieu d’être un rempart contre l’oppression, en est devenu complice par défaut.