La crise sécuritaire en Haïti, marquée par la prolifération des gangs armés, étouffe non seulement l’économie et l’éducation, mais menace aussi gravement le système de santé déjà précaire. La situation est critique : dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, de nombreux établissements de santé ont dû fermer leurs portes sous la pression de la violence.
L’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), connu sous le nom d’Hôpital Général, Chancerelles, La Renaissance, plusieurs structures de Médecins sans Frontières, DASH Delmas 18, ainsi que des cliniques privées et des pharmacies, figurent parmi les infrastructures médicales contraintes de suspendre leurs services. Des milliers de patients sont ainsi privés de soins essentiels et les blessures par balle ne reçoivent pas d’attention immédiate.
Quand les hôpitaux deviennent des cibles
Ces fermetures ne sont pas dues à des problèmes de gestion ou à un manque de personnel, mais à la terreur des gangs qui entourent ces zones, empêchant l’accès des patients et du personnel médical. Ces groupes armés, qui sèment la mort dans les rues, n’épargnent pas les lieux censés être des sanctuaires de vie. A plusieurs reprises, des hôpitaux ont été envahis, des médecins menacés et des patients enlevés.
L’hôpital La Paix à Delmas 33, devenu l’un des rares établissements encore fonctionnels, est aujourd’hui débordé. Son service des urgences, submergé par un flux incessant de blessés par balles, ne peut plus faire face à la demande. Les médecins, épuisés, travaillent dans des conditions de stress inimaginables, avec des moyens limités.
Un système de santé en sursis
Le droit à la santé, garanti par la Constitution haïtienne, a été réduit à un luxe inaccessible pour la majorité de la population. Les malades chroniques, tels que les diabétiques et les hypertendus, n’ont plus accès à leurs traitements habituels. Les femmes enceintes, confrontées à des complications, n’ont souvent d’autre choix que de rester à la maison, au péril de leur vie et de celle de leurs enfants.
Face à cette situation, le gouvernement brille par son incapacité à proposer des solutions durables. La communauté internationale, bien que consciente de l’effondrement du système de santé haïtien, tarde à agir de manière décisive pour neutraliser les gangs et rétablir un semblant de sécurité dans le pays.
Quand la violence tue plus que les balles
L’impact de cette insécurité va bien au-delà des fusillades. Elle tue à petit feu, privant la population de services de santé essentiels. Chaque fermeture d’hôpital est une condamnation à mort pour des milliers de personnes qui n’ont nulle part où aller.
Il est urgent que les autorités haïtiennes, avec l’aide des partenaires internationaux, s’attaquent à ce problème de sécurité qui détruit le tissu social du pays. Le peuple haïtien ne peut se permettre d’assister impuissant à l’effondrement de son système de santé. Car en Haïti aujourd’hui, la mort ne vient pas seulement des armes, mais aussi de l’abandon des hôpitaux.
Ce texte n’est pas qu’un constat amer. C’est un appel à l’action, un cri de désespoir pour réveiller les consciences. Haïti mérite un avenir où la vie est valorisée et protégée. Sauver les hôpitaux, c’est sauver des vies, c’est préserver l’espoir d’une nation qui refuse de sombrer.