Haïti se meurt, c’est une évidence. Les signes ne trompent pas : des quartiers entiers de la capitale Port-au-Prince ont été abandonnés par l’État et sont aux mains de bandits qui règnent en maîtres. Face à cette réalité, les citoyens se retrouvent prisonniers d’une terreur quotidienne, tandis que les grands centres commerciaux, autrefois témoins de la vitalité économique, tirent leurs rideaux, désertés et impuissants.
Ce tableau alarmant est rendu encore plus sombre par un nouvel épisode de blocage institutionnel. Au début de l’année fiscale, une grève évitable des employés de la Direction Générale des Impôts (DGI) a réduit à néant les prévisions de recettes de l’Etat. Déjà incapable d’assurer la sécurité de ses citoyens, l’Etat est désormais dans l’incapacité de collecter les impôts qui lui permettent de fonctionner. Cette impasse administrative asphyxie un peu plus une économie déjà mal en point.
Paradoxalement, une lueur d’espoir semble toutefois émerger dans ce contexte de crise. Les promesses des grévistes de respecter une trêve, dans l’espoir de relancer la machine fiscale, donnent un semblant d’espoir aux observateurs. Mais cet espoir est fragile, très fragile. Il se heurte à l’attitude cavalière des hauts fonctionnaires, qui semblent plus soucieux de gérer leur image que de résoudre les problèmes structurels du pays.
Cette indifférence, doublée d’un mépris manifeste pour les griefs légitimes des salariés, fait craindre une reprise prochaine des tensions, avec une intensité accrue. Le spectre de nouvelles grèves se profile déjà, menaçant de plonger le pays dans un chaos encore plus profond.
Face à cette situation, la question reste posée : combien de temps le pays pourra-t-il supporter cette descente aux enfers sans un véritable réveil de ses dirigeants ? Le pays ne se relèvera pas sans une intervention sérieuse et déterminée de l’Etat. La fuite en avant ne fera que retarder l’inévitable.