La situation politique en Haïti semble se dégrader de jour en jour, alimentée par une lutte de pouvoir acharnée entre la Primature et le Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Ce bras de fer entre deux institutions qui devraient travailler ensemble pour gérer les affaires de l’Etat a des conséquences dramatiques sur les prises de décisions politiques et économiques essentielles.
En l’absence d’un Conseil des Ministres, plusieurs projets cruciaux pour le développement du pays sont en suspens, mettant en péril l’avenir de millions d’Haïtiens. Parmi ces initiatives bloquées figurent des décrets cruciaux comme celui établissant le Conseil national de sécurité. Ces textes législatifs sont essentiels pour renforcer l’administration publique et améliorer la sécurité, secteurs en crise profonde dans le pays.
Mais le plus inquiétant est peut-être le projet de décret pour la création du Fonds de Soutien à la Sécurité Nationale (FSSN), rédigé par l’économiste Enomy Germain. Ce fonds, s’il avait vu le jour, aurait pu renforcer la capacité de l’Etat à répondre à la crise sécuritaire qui ravage Haïti. M. Germain a également proposé une réforme du salaire minimum, visant à l’ajuster automatiquement pour mieux protéger les plus vulnérables. Alors que plus de 5,5 millions d’Haïtiens souffrent d’insécurité alimentaire, de telles mesures auraient pu alléger leur fardeau quotidien.
Cependant, au lieu d’avancer, le pays est paralysé par une lutte politique interne. Les affrontements incessants entre le CPT et la Primature se sont transformés en une impasse qui prive la population des solutions qu’elle attend avec impatience. La guerre pour le pouvoir, loin d’être une quête de stabilité et de bien-être national, semble être le principal frein à l’élaboration de politiques publiques ambitieuses et nécessaires. Les enjeux de gouvernance sont désormais bien plus importants que les intérêts individuels de ces institutions en conflit.
Au cœur de ce climat politique tendu, ce sont les citoyens haïtiens qui en font les frais. Les projets de développement, les réformes économiques et les solutions sécuritaires qui auraient pu soulager la population restent sur le papier, incapables de se concrétiser à cause de cette guerre de pouvoir qui fait tourner le pays en rond. L’incertitude demeure et les Haïtiens, pris en otage par les conflits internes, attendent désespérément des décisions qui pourraient changer leur quotidien.
La question est maintenant de savoir combien de temps encore les Haïtiens devront attendre que leurs dirigeants trouvent un terrain d’entente et sortent du tunnel de l’instabilité.