Les Nations Unies ont commencé à évacuer une partie de leur personnel d’Haïti cette semaine, en réponse à l’escalade de la violence des gangs armés qui contrôlent désormais une grande partie de la capitale, Port-au-Prince. Deux vols humanitaires transportant du personnel de l’ONU doivent arriver à Panama City mardi et mercredi, selon le ministère panaméen des affaires étrangères.
Ces vols, en provenance d’Haïti, transporteront 22 conseillers de la police internationale et deux fonctionnaires des Nations unies. Ils feront une escale de 72 heures dans la capitale panaméenne.
Une réduction stratégique, pas un départ complet
Ulrika Richardson, coordinatrice résidente et humanitaire des Nations unies en Haïti, a expliqué la semaine dernière que les Nations unies réajustaient légèrement leur présence à Port-au-Prince. L’objectif est de protéger son personnel tout en continuant à travailler dans d’autres régions moins touchées par la violence.
Maria Isabel Salvador, chef du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH), a confirmé que, malgré cette réduction, l’ONU maintient une présence significative dans le pays. « Nous ne quittons pas le pays », a-t-elle insisté. À ce jour, quelque 1 527 des 1 725 employés de l’ONU restent stationnés en Haïti.
Une crise qui s’aggrave
Dans la capitale, la situation devient de plus en plus critique. Des bandes armées, regroupées en partie sous l’alliance Viv Ansanm, contrôlent aujourd’hui entre 80 et 90 % de Port-au-Prince. Ces dernières semaines, ils ont gagné du terrain dans des zones auparavant épargnées par la violence.
La violence a également un impact sur les organisations humanitaires. Mercy Corps a déplacé une partie de son personnel hors de Port-au-Prince, tandis que Médecins Sans Frontières a suspendu ses opérations en raison des menaces croissantes.
Un soutien international insuffisant
En octobre 2023, l’ONU a approuvé l’envoi d’une force internationale pour aider la police haïtienne à rétablir l’ordre. Cependant, cette mission reste partiellement déployée et manque de financement et d’équipement. Haïti a demandé qu’elle soit transformée en mission de maintien de la paix, mais cette demande se heurte à des résistances au sein du Conseil de sécurité, notamment de la part de la Chine et de la Russie.
Face à une capitale en proie au chaos et à une population abandonnée à son sort, l’urgence d’une réponse internationale efficace se fait de plus en plus sentir. Cependant, les divisions politiques et le manque de ressources continuent d’entraver les efforts visant à stabiliser la situation.