Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), la violence croissante des gangs à Port-au-Prince a entraîné le déplacement de plus de 20 000 personnes en seulement quatre jours. Plus de 17 000 d’entre elles sont hébergées dans 15 sites de déplacement temporaire. Ces chiffres marquent un pic sans précédent depuis août 2023 et illustrent l’ampleur de la crise qui touche la capitale haïtienne.
Beaucoup de ces personnes déplacées ont déjà été contraintes de fuir plusieurs fois, abandonnant à chaque fois ce qu’elles avaient tenté de reconstruire. Cette spirale d’instabilité est exacerbée par la paralysie quasi-totale de Port-au-Prince : la fermeture de l’aéroport principal suite aux tirs ciblés d’avions commerciaux, l’insécurité des routes et l’accès restreint au port principal compromettent l’approvisionnement en biens de première nécessité et isolent davantage les communautés vulnérables.
La situation sécuritaire, marquée par l’expansion des groupes armés dans de nouvelles zones, complique la tâche des autorités. Bien que la police nationale tente de résister, ses ressources limitées et les alliances formées entre les factions criminelles affaiblissent son efficacité. A cela s’ajoute un bilan humain dramatique : près de 4000 morts en 2024 et une explosion des violences basées sur le genre, touchant particulièrement les femmes et les filles déplacées.
Face à cette crise humanitaire, l’OIM reste mobilisée malgré d’énormes contraintes. L’organisation fournit une aide vitale, comme des subventions au logement, des soins de santé de base via des cliniques mobiles, et des services de protection pour les survivants de la violence. La gestion des sites de déplacés, la distribution d’eau et les efforts de stabilisation des communautés sont également au cœur de son action. Cependant, seulement 20% de la ville reste accessible, ce qui entrave sérieusement l’acheminement de l’aide.
L’OIM appelle la communauté internationale à prendre des mesures urgentes. Avec seulement 42% du plan de réponse humanitaire financé, des millions d’Haïtiens restent sans aide. L’organisation insiste sur la nécessité de respecter les principes humanitaires et de garantir la sécurité des civils et des travailleurs humanitaires afin de répondre efficacement à cette crise sans précédent.