La crise politique en Haïti continue de se détériorer, avec des tensions croissantes entre le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et le gouvernement dirigé par le Dr Garry Conille. L’ancien président provisoire Jocelerme Privert a fait part de ses inquiétudes lors d’une interview sur Magik 9 le 8 novembre 2024. Selon lui, l’Exécutif fait preuve d’un manque de sagesse et d’humilité et doit rapidement trouver une solution pour mettre fin à cette instabilité politique.
Privert a souligné que la formule de transition actuelle, qui n’est pas prévue par la Constitution, est devenue insoutenable au bout de huit mois. Il a pris l’exemple de la République dominicaine qui a réussi à organiser trois investitures présidentielles entre 2016 et 2024, alors qu’Haïti n’a élu qu’un seul président au cours de la même période.
L’ancien président a également rappelé que la relation entre le Président de la République et le Premier ministre ne doit pas être une source de conflit. Bien que le Président nomme le Premier Ministre, ce dernier n’est pas subordonné au Chef de l’Etat et doit pouvoir interagir librement avec les hauts fonctionnaires de l’Etat, y compris le Directeur Général de la PNH, les ministres et les directeurs départementaux. Privert a insisté sur le fait qu’il est de la responsabilité du Président de garantir le bon fonctionnement des institutions.
Il a également établi des parallèles avec d’autres périodes de transition dans l’histoire récente d’Haïti, comme en 1994 après la chute de Jean-Bertrand Aristide, et en 2016 à la fin du mandat de Michel Martelly. Selon lui, l’objectif d’une transition devrait être de rétablir l’ordre constitutionnel en organisant des élections, mais il déplore que le pays ait opté pour une transition à durée indéterminée.
Privert a conclu en appelant à la création urgente d’un Conseil Electoral Permanent (CEP) pour organiser les élections nécessaires et éviter de prolonger la transition. Il a rappelé que ses prédécesseurs, Michel Martelly et Jovenel Moïse, n’avaient pas organisé les élections promises, préférant gouverner par décret. Selon lui, si cette transition échoue, les conséquences pourraient être graves pour l’avenir du pays.
Enfin, il a insisté sur la nécessité pour tous les acteurs politiques de prendre leurs responsabilités afin de sortir Haïti de cette impasse.