L’affrontement actuel entre le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) dirigé par Leslie Voltaire et le Premier Ministre Garry Conille est un spectacle déplorable qui profite à une poignée d’individus, tout en exacerbant les souffrances d’une population déjà épuisée par des années de crise. Derrière l’apparence de rivalités politiques, il est clair que ce bras de fer sert des intérêts partisans plutôt que de répondre aux besoins urgents du pays, notamment en matière de sécurité.
Depuis l’arrivée de Leslie Voltaire à la tête du CPT le 7 octobre dernier, la tension est palpable. Le conflit avec le Premier ministre est devenu une réalité qui affecte directement la vie quotidienne des Haïtiens, confrontés à une insécurité galopante. Les gangs prennent de plus en plus le contrôle de certains quartiers et l’État semble impuissant à endiguer la violence. Alors que Voltaire et Conille se disputent, des quartiers comme Solino et l’Arcahaie sont laissés à la merci des gangs armés.
La frustration de Leslie Voltaire, suite à son humiliation lors de la rencontre bilatérale entre le président brésilien Lula et l’ancien coordinateur de la CPT Edgard Leblanc Fils, semble avoir été un élément déclencheur de cette crise. Le fait de ne pas avoir été inclus dans cette réunion a non seulement froissé son ego, mais l’a poussé à se venger, notamment en exigeant des têtes au sein du gouvernement, comme celle du ministre des Affaires étrangères Dominique Dupuy. Cela pose la question des priorités des dirigeants : se battent-ils pour résoudre les problèmes du pays ou pour asseoir leur pouvoir personnel ?
Cette querelle entre les deux branches de l’exécutif prend une tournure absurde. Le lundi 21 octobre, le Premier ministre Conille annonce qu’il a convoqué les forces de l’ordre pour une évaluation de la situation sécuritaire. Quelques heures plus tard, Leslie Voltaire et la CPT font de même. Qu’est-ce que cela révèle ? Plutôt qu’une coordination efficace pour endiguer la montée des gangs, nous assistons à une lutte de pouvoir où chacun cherche à prouver son autorité, au détriment de solutions concrètes.
Les questions posées sont nombreuses : à qui obéissent réellement la PNH et les FAd’H ? Quelle est l’institution qui détient le véritable pouvoir ? Et surtout, pourquoi la sécurité du pays est-elle reléguée au second plan dans cette querelle d’égos ?
Pendant que ces dirigeants se livrent à une guerre de tranchées, la population continue de souffrir. La recrudescence de la violence dans la région métropolitaine et dans les provinces est une tragédie nationale que ce conflit ne fait qu’exacerber. Il est clair que le plus grand bénéficiaire de cette situation est la Coalition VIV ANSANM, qui a tout à gagner du vide sécuritaire et politique créé par ces luttes intestines.
En fin de compte, la question est simple : quand nos dirigeants commenceront-ils à prendre leurs responsabilités ? La sécurité nationale ne doit pas être une monnaie d’échange dans une lutte de pouvoir. Le CPT et le gouvernement Conille doivent cesser de jouer avec le destin de la nation.