Le climat politique en Haïti s’assombrit à nouveau, laissant présager des jours incertains pour la transition en cours. Le bras de fer entre le gouvernement et le Conseil présidentiel de transition (CPT) devient de plus en plus palpable, soulevant des questions sur la stabilité du processus de gouvernance dans les mois à venir.
Sous l’impulsion de Leslie Voltaire, président du CPT, la volonté de remanier le cabinet ministériel se fait de plus en plus pressante. Les remaniements sont présentés comme nécessaires pour donner un nouveau souffle à l’exécutif et répondre aux attentes d’une population en quête de changements concrets. Mais cette position se heurte à la résistance frontale du gouvernement, qui défend son cadre d’action dans les limites strictes de la Constitution et des accords politiques en vigueur.
Dans un geste d’unité, le Conseil de gouvernement a réitéré mercredi son soutien inconditionnel au Premier ministre Garry Conille, tout en rejetant toute tentative de modification de l’équipe ministérielle en dehors des dispositions constitutionnelles. Pour Conille, toute initiative de remaniement ministériel doit impérativement respecter l’accord du 3 avril 2024, qui définit les grandes lignes de cette transition pacifique. Ce dernier n’hésite pas à dénoncer ce qu’il considère comme une tentative d’outrepasser les prérogatives établies par la Constitution, craignant une déstabilisation du processus en cours.
Cette confrontation met en lumière une réalité politique complexe : d’un côté, un CPT qui tente d’affirmer son rôle dans cette transition, de l’autre, un gouvernement qui invoque le respect de la légalité et de l’ordre constitutionnel. Le risque de blocage institutionnel est réel et les tensions pourraient rapidement dégénérer si aucune solution de compromis n’est trouvée.
L’enjeu va bien au-delà d’une simple question de remaniement ministériel. C’est la gouvernance du pays dans son ensemble qui est au cœur de cette confrontation, dans un contexte où Haïti n’a pas besoin de nouvelles crises politiques, mais de stabilité pour mener à bien les réformes attendues.
Reste à savoir si le CPT et le gouvernement parviendront à trouver un terrain d’entente, ou si ce bras de fer conduira à une escalade des tensions, au risque de mettre en péril la transition en cours. Le pays est à un tournant, et les acteurs politiques devront bien mesurer leurs actions s’ils veulent éviter un nouveau cycle de crise institutionnelle.