Les tensions entre le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et le Premier Ministre Conille semblent atteindre un point de non-retour. Alors que les deux parties campent sur leurs positions, la communauté internationale, via le corps diplomatique, tente une médiation dans ce conflit au sommet de l’Etat.
Selon les informations reçues, une rencontre est prévue jeudi entre le président de la CPT, Leslie Voltaire, et le Premier ministre, avec la participation de plusieurs chefs de mission accrédités en Haïti. Cette initiative diplomatique apparaît comme une tentative de dialogue et de rétablissement d’une collaboration harmonieuse au sein de l’exécutif. Cependant, les observateurs se demandent si cette médiation aura réellement le pouvoir de rétablir la confiance entre ces deux instances dirigeantes.
Les tensions ne sont pas nouvelles. Elles ont été exacerbées par la transmission d’une lettre du cabinet du Premier ministre au CPT le 5 novembre 2024. Ce document, perçu comme une tentative de prise de contrôle de certaines décisions stratégiques, a été interprété par les conseillers présidentiels comme une provocation. En réponse, le CPT a convoqué une nouvelle réunion pour vendredi à 11 heures, marquant une escalade dans le conflit, selon Radio Métronome.
Cette situation n’est pas sans rappeler les crises politiques précédentes, où la fragilité des institutions et le manque de communication ont souvent conduit à l’impasse. En effet, le désaccord actuel entre le Premier ministre et le CPT illustre une fois de plus les difficultés de l’exécutif à fonctionner de manière cohérente et coordonnée.
Au-delà des conséquences politiques immédiates, c’est l’image de l’Etat haïtien qui est en jeu. Le blocage institutionnel généré par ces conflits internes affaiblit la crédibilité de l’administration aux yeux de la population, déjà épuisée par les crises économiques et sociales. Le peuple haïtien mérite un leadership uni et fonctionnel, capable de mettre de côté les rivalités pour se concentrer sur les défis urgents du pays.
Le corps diplomatique peut-il vraiment apaiser la situation ? Si elle parvient à réunir les deux parties autour d’un objectif commun, cette médiation pourrait être l’occasion de redéfinir les rôles et les limites de chaque institution. Cependant, il ne s’agit pas seulement de s’accorder sur une feuille de route temporaire, mais de restaurer une confiance durable entre les organes de l’Etat, indispensable pour garantir une gouvernance efficace.
En définitive, c’est aux protagonistes eux-mêmes de faire preuve de maturité politique et de responsabilité à l’égard du pays. A défaut, ce bras de fer risque de dégénérer et d’affaiblir davantage un gouvernement déjà fragile.
Ce moment de crise doit servir de leçon à tous les acteurs politiques haïtiens. Car en politique, comme dans la vie, il est parfois plus important de savoir faire des concessions pour le bien commun que de défendre des positions qui mènent à l’impasse.