Ce mardi 8 avril 2025, la République dominicaine a été frappée par une tragédie d’une rare violence. Plus d’une centaine de personnes ont péri dans l’effondrement de la boîte de nuit Jet Set. Un événement douloureux, certes, qui mérite attention et solidarité. Mais c’est la réaction du Premier ministre haïtien, Alexis Didier Fils-Aimé, qui suscite des interrogations et un profond malaise.
Dans un message posté sur son compte officiel, le chef du gouvernement haïtien a présenté ses « sincères condoléances au peuple et au gouvernement dominicains ». Au nom du peuple haïtien, il a exprimé sa solidarité avec les familles endeuillées du pays voisin. Un geste diplomatique conventionnel, pourrait-on dire. Mais le contraste est cruel.
Car pendant qu’Alexis Didier Fils-Aimé envoie des fleurs numériques en République dominicaine, le peuple haïtien, celui qu’il est censé servir, est à genoux. Depuis des mois, des quartiers entiers sont incendiés. Des bandes armées tuent, brûlent et pillent. Des milliers de familles vivent dans la peur, ou ont tout simplement perdu leur maison, leur quartier, leur avenir. Port-au-Prince est devenu un champ de ruines où la loi du plus fort dicte sa terreur.
Où sont les condoléances pour les Haïtiens massacrés à Carrefour-Feuilles ? Où sont les pensées émues pour les enfants qui dorment dans les rues de Tabarre, fuyant les tirs de Kalachnikov ? Où est la solidarité active pour ces mères, ces jeunes, ces vieux qui n’ont plus rien ? Alexis Didier Fils-Aimé s’adresse au monde, mais reste muet face à la détresse de son propre peuple.
Il ne s’agit pas de nier la douleur dominicaine. Il s’agit d’oser poser une question fondamentale : à quoi sert-il de gouverner un pays qui refuse de le regarder dans les yeux ? En envoyant ses condoléances à l’étranger, le Premier ministre fait preuve d’une compassion sélective, voire d’une fuite en avant. Un réflexe de façade, alors qu’Haïti, son Haïti, s’effondre sous ses yeux.
Un gouvernement qui ne pleure que la mort des autres a-t-il encore le droit de parler au nom de son propre peuple ? La tragédie dominicaine a certes ému l’hémisphère. Mais la tragédie haïtienne dure depuis trop longtemps. Et personne au plus haut niveau de l’État ne semble prêt à y mettre fin.