Les habitants de Canapé-Vert, Debussy, Turgeau et d’autres quartiers de Port-au-Prince, contraints de fuir leurs maisons en raison de l’escalade de la violence, sont descendus dans la rue ce mercredi pour exprimer leur colère. La manifestation, baptisée « Mercredi noir », a rassemblé des centaines de citoyens dénonçant l’inaction du gouvernement intérimaire face aux exactions des gangs. Dans un climat de tension et de détermination, les manifestants ont réclamé des mesures urgentes pour rétablir la sécurité et exigé le départ des autorités actuelles.
Une mobilisation massive contre l’insécurité
Depuis plusieurs semaines, l’insécurité dans la capitale haïtienne atteint des niveaux alarmants. Des bandes armées, en quête d’expansion, ont multiplié les attaques, contraignant des milliers de familles à abandonner leur logement. Canapé-Vert, Debussy et Turgeau, autrefois relativement épargnés, sont désormais sous la menace constante des criminels.
Face à cette situation insupportable, les victimes de cette crise ont choisi de faire entendre leur voix dans la rue. Pancartes à la main et slogans hostiles aux autorités à la bouche, elles ont dénoncé un Etat absent et complice.
« Nous ne pouvons plus vivre comme des réfugiés dans notre propre pays. Trop c’est trop ! », proteste David L., un manifestant qui a perdu son commerce au Canapé-Vert à la suite d’une agression en bande.
D’autres manifestants ont rappelé les souffrances endurées pendant des mois :
« Nous sommes abandonnés. Nous dormons dehors, sans eau ni nourriture. Le gouvernement ne fait rien pour nous. Il doit partir », s’est écriée Marie R., une déplacée de Debussy.
Rejet total du gouvernement intérimaire
Les organisateurs du mouvement accusent le gouvernement de transition d’être incapable de gérer la crise sécuritaire. Ils pointent du doigt l’inefficacité des autorités et le manque de volonté politique pour démanteler les gangs qui contrôlent plusieurs quartiers de la capitale.
« Ils ne font rien pour nous protéger, mais ils savent très bien protéger leurs propres intérêts. Nous exigeons leur départ immédiat », a déclaré Jean-Marc D., l’un des porte-parole de la mobilisation.
Tout au long du parcours, les manifestants ont scandé des slogans hostiles au gouvernement actuel, exigeant la démission des responsables du gouvernement intérimaire et la mise en place d’un véritable plan de sécurisation du pays.
Un message clair aux partis politiques
Les initiateurs du « Mercredi noir » ont insisté sur le caractère citoyen et indépendant de leur mouvement. Dans un communiqué de presse, ils ont mis en garde les partis politiques contre toute tentative de récupération.
« Nous disons un grand pinga à ceux qui veulent profiter de notre souffrance pour faire avancer leurs propres intérêts. C’est le mouvement du peuple et nous ne laisserons personne l’infiltrer », ont-ils prévenu.
Pression croissante sur les autorités
Alors que la situation sécuritaire continue de se détériorer, cette démonstration de force de la population pourrait accroître la pression sur le gouvernement intérimaire. De nombreux observateurs estiment que si les autorités ne réagissent pas rapidement, les manifestations risquent de s’intensifier dans les jours à venir.
Pendant ce temps, les déplacés continuent de vivre dans la peur et l’incertitude. Mais une chose est sûre : les manifestants du « mercredi noir » n’ont pas l’intention de baisser les bras.