Depuis des années, Haïti est plongé dans une insécurité grandissante, alimentée par des bandes armées qui terrorisent la population. Pourtant, malgré les discours officiels et les tentatives de rétablissement de l’ordre, la situation ne fait qu’empirer. Cette impuissance s’explique par une approche superficielle du problème : on combat les symptômes sans s’attaquer aux causes profondes. Tant que les véritables acteurs du chaos ne seront pas touchés, toute promesse de sécurité restera une illusion.
Le trafic d’armes est le principal moteur de l’insécurité. Derrière chaque arme qui sème la terreur dans les rues de Port-au-Prince se cache un réseau bien structuré de trafiquants d’armes. Ces derniers ne sont pas de simples criminels de bas étage, ils opèrent dans les hautes sphères du secteur privé et du monde politique. Leur arrestation et leur neutralisation doivent être une priorité absolue, car sans eux, les gangs ne seraient que des groupes désorganisés incapables de rivaliser avec l’État.
Un autre facteur clé de cette crise est la porosité de la frontière entre Haïti et la République dominicaine. Chaque jour, des armes entrent illégalement en Haïti, alimentant la machine criminelle. Pour y mettre fin, il est impératif de renforcer la surveillance des frontières. La mobilisation conjointe des Forces Armées d’Haïti (FAd’H), de la Police Nationale d’Haïti (PNH) et de la Brigade de Sécurité des Aires Protégées (BSAP) est essentielle pour bloquer ces flux destructeurs. Sans un contrôle strict des points d’entrée, toute lutte contre l’insécurité sera vaine.
Ce n’est qu’une fois les sources d’approvisionnement des gangs coupées que l’on pourra réellement s’attaquer à eux. Aujourd’hui, les opérations de police ne font que déplacer le problème d’un quartier à l’autre, sans jamais l’éliminer. Les chefs de gangs tombent, mais de nouveaux surgissent aussitôt, armés et financés par les mêmes réseaux occultes. Pour briser ce cycle infernal, il faut s’attaquer aux racines du mal et non à ses manifestations superficielles.
La sécurité d’Haïti ne pourra être rétablie que si l’État prend des mesures fermes et courageuses. Il est temps de cesser de jouer un jeu futile contre les gangs et de s’attaquer à ceux qui les arment et les protègent. Laisser ces criminels tranquilles, c’est condamner la population à vivre dans la peur et l’incertitude. Sans une véritable volonté politique de s’attaquer au cœur du système criminel, l’illusion d’un retour à l’ordre continuera de hanter le pays, sans jamais devenir une réalité.