L’expert des Nations Unies en Droits de l’Homme, William O’Neill a réclamé, dans un communiqué en date du lundi 18 septembre 2023, la réouverture de la frontière dominicaine pour des raisons humanitaires.
Ce dernier a évoqué l’insécurité et la violence occasionnées par les gangs armées en Haïti qui font que de nombreux produits de première nécessité tels que la nourriture, le matériel médical et les médicaments soient importés de la République dominicaine.
« Des directeurs de cliniques médicales en Haïti m’ont dit qu’ils ne pourraient pas soigner leurs patients si l’accès à la République dominicaine était coupé. Des vies sont en jeu », a prévenu William O’Neill, soulignant qu’Haïti reçoit au moins 25 % de sa nourriture de la République dominicaine et que de nombreuses écoles de la zone frontalière achètent de l’autre côté de la frontière les aliments utilisés pour les repas de leurs élèves. « L’accès à l’eau sera également entravé », s’est-il inquiété.
En réponse à ce communiqué américain, le bureau de communication de la chancellerie de la République Dominicaine a fait savoir que :
« Le gouvernement dominicain exprime sa profonde inquiétude face à l’absence de réponse des Nations unies à la grave crise humanitaire, sécuritaire et politique qui affecte Haïti depuis des années. Depuis 2021, nous exhortons la communauté internationale à répondre à l’appel à l’aide des autorités haïtiennes, reconnaissant l’impact de cette crise sur notre région et, en particulier, sur notre pays.
Nous rejetons donc catégoriquement les déclarations partiales et malheureuses de M. O’Neill. Tout d’abord, nous réitérons que tout dialogue avec Haïti est conditionné par l’arrêt effectif de la construction unilatérale et illégale du canal sur le fleuve Dajabón.
La déclaration conjointe du 27 mai à laquelle M. O’Neill fait référence était basée sur cette condition, comme le confirment les déclarations du ministre Roberto Alvarez du 31 mai 2021 et sa communication au ministre haïtien des affaires étrangères du 6 juillet 2021, dans laquelle le ministre réitère son appel au dialogue sous cette condition.
Deuxièmement, M. O’Neill mentionne la question de la migration, qui n’est pas liée au conflit du canal. Comme nous l’avons exprimé dans notre réponse à M. O’Neill le 29 juin, nous ne sommes pas responsables de la situation interne d’Haïti et il n’est pas raisonnable que notre pays doive assurer le bien-être social des Haïtiens. La situation interne en Haïti n’est pas un obstacle à l’application de notre loi générale sur les migrations. Le président Luis Abinader a déclaré que « le problème d’Haïti n’est plus en Haïti, il est entre les mains de la communauté internationale », et nous attendons de la communauté internationale qu’elle agisse en conséquence.
Le gouvernement dominicain prend note de la demande de laisser passer l’aide humanitaire vers Haïti, mais réaffirme que la solution immédiate et définitive à ce problème est entre les mains d’Haïti, lorsqu’il décidera de mettre fin à la construction du canal.
Il est également important de préciser qu’il est prématuré de parler d’arbitrage international lorsqu’il n’y a pas de conflit entre deux gouvernements, puisque la crise a été générée par des acteurs haïtiens individuels, opportunistes et irresponsables, en plus de la crise humanitaire, de l’ordre public et de la sécurité en Haïti, qui affecte la capacité de son gouvernement à imposer l’État de droit.
Nous tenons à souligner le message du président Abinader hier : « La situation à notre frontière est sous contrôle. La population peut être assurée qu’aucune menace ne pèse sur ses activités quotidiennes dans l’ensemble du pays. La paix et la sécurité en République dominicaine sont garanties ».
Nous souhaitons rappeler à la société dominicaine et à la communauté internationale qu’il ne s’agit pas d’un conflit entre deux peuples, car ni les Dominicains ni les Haïtiens ne souhaitent la confrontation. Nos peuples veulent vivre en paix. Nous ne cherchons pas la confrontation, mais nous affrontons les personnes incontrôlables qui génèrent l’insécurité en Haïti.
Nous réitérons la volonté du gouvernement dominicain de rechercher des solutions qui garantissent la sécurité et protègent nos ressources naturelles ».