Trois fois président du conseil (de mai à décembre 1994, de 2001 à 2006, enfin de 2008 à 2011), parlementaire de 1994 à 2013, puis de l’automne 2022 à sa mort, chef de file de la droite italienne, dont il est parvenu à unir les composantes, pendant deux décennies, entrepreneur des médias, ex-propriétaire du club de football Milan AC, Silvio Berlusconi est mort, lundi 12 juin, à l’âge de 86 ans.
Outre qu’il a détenu, à plusieurs reprises, le titre d’homme le plus riche d’Italie, il est le premier ministre qui aura passé le plus de temps au pouvoir depuis la naissance de la République italienne : 3 340 jours exactement. Mais, malgré sa longévité, son indéniable sens tactique, ses talents de communicant, son action au gouvernement reste marquée par une série de scandales privés et financiers et par une relative impuissance – fruit de son tempérament désinvolte et jouisseur, de ses conflits d’intérêts et des accords passés avec des forces politiques aux idéologies parfois contraires, tandis que son amitié démonstrative avec Vladimir Poutine, jamais démentie malgré l’invasion russe de l’Ukraine, en février 2022, jetait une ombre sur son image de conservateur atlantiste et modéré. Il sera intéressant de savoir ce que l’histoire en retiendra, lorsque la mousse de l’actualité italienne qu’il a saturée dans toutes ses rubriques (finances, entreprises, scandales, sport et politique) sera retombée.
Né le 29 septembre 1936, Silvio Berlusconi est l’aîné d’une famille de la moyenne bourgeoisie lombarde. Son père, Luigi, est employé de la banque Rasini, dont il deviendra un des dirigeants ; sa mère, Rosa Bossi, est femme au foyer. De leur union naîtront deux autres enfants : Maria Antonietta et Paolo. A 12 ans, Silvio entre au collège Sant’Ambrogio de Milan, tenu par des salésiens.
Selon la légende et le récit de ses amis d’enfance, il y déploie de solides capacités en grec et en latin et montre déjà de belles dispositions pour les affaires. Voulant aider ses camarades de classe, il se propose de faire leurs devoirs à leur place en échange de quelques lires. Mais il se fait fort de restituer leurs dons si la note qu’ils obtiennent n’est pas à la hauteur de leurs espérances. Silvio Berlusconi se targuait également d’avoir entrepris deux années d’études à la Sorbonne, après sa maturita (baccalauréat), une expérience dont il gardera des rudiments de français et une grande connaissance du répertoire de Charles Trenet et de Charles Aznavour.