La grève des employés de l’Office National d’Assurance Vieillesse (ONA) a pris une tournure plus complexe avec l’entrée en scène de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC). Lancée pour dénoncer les pratiques de l’actuelle directrice générale, Mme Marguerite Berthe Marescot, cette mobilisation soulève également des soupçons de malversations financières touchant directement les salariés.
Le Groupe des Employés pour la Rénovation de l’ONA (GER-ONA), qui soutient activement le mouvement, a attiré l’attention sur un cas particulièrement inquiétant : en septembre dernier, une somme de 5 000 gourdes aurait été prélevée sur les cartes de débit des employés. Cette action, selon les employés, n’était pas justifiée et l’ULCC a été appelée à enquêter sur cette possible fraude.
L’ULCC face à une enquête délicate
La demande d’intervention de l’ULCC marque un tournant dans l’affaire. L’accusation de déductions injustifiées met en lumière des pratiques qui pourraient révéler des réseaux de corruption internes à l’ONA. L’organe de lutte contre la corruption, dirigé par Hans Ludwig Joseph, est désormais tenu d’apporter des résultats concrets pour restaurer la confiance des employés et, plus largement, de l’institution.
Des revendications multiples au cœur du conflit
Outre l’enquête de l’ULCC, GER-ONA formule d’autres revendications concernant les conditions de travail à l’ONA. Les employés réclament non seulement une augmentation de salaire de 45% à 65%, mais aussi la régularisation de leur carte de débit, qui devrait être évaluée à 25 000 gourdes par mois. Ces revendications s’ajoutent à une autre, essentielle : la révocation de Mme Marescot et son remplacement par un cadre interne.
Selon GER-ONA, la grève est déjà un succès en termes de mobilisation. Cependant, l’organisation prévient que le mouvement pourrait s’intensifier si le gouvernement refuse de répondre favorablement à ces doléances. Le Premier ministre, le Dr Garry Conille, et le Conseil Présidentiel de Transition, sous la direction de Leslie Voltaire, sont donc appelés à prendre des mesures urgentes pour éviter une crise prolongée au sein de cette importante institution publique.
Quels sont les enjeux de l’enquête ?
L’ouverture de l’enquête par l’ULCC mettra sans aucun doute une pression supplémentaire sur la direction de l’ONA. Si des preuves de détournement de fonds ou de mauvaise gestion sont révélées, cela pourrait renforcer la position des grévistes et accélérer le départ de Mme Marescot. En revanche, si l’enquête n’aboutit pas à des résultats concrets, la situation risque de stagner et d’exacerber le climat de méfiance et de tension.
Pour GER-ONA, seul un changement de leadership à la tête de l’ONA pourra calmer les esprits et permettre à l’institution de reprendre un fonctionnement normal. Les employés, quant à eux, sont encouragés à rester mobilisés pour faire triompher leur cause et instaurer une gouvernance plus transparente.
L’issue de l’enquête de l’ULCC sera déterminante dans cette crise qui pourrait redéfinir les rapports de force au sein de l’ONA et au-delà, dans d’autres institutions publiques.