Depuis quelques jours, une nouvelle forme de terreur s’est abattue sur le quartier de Fort-National, près de Solino. Des bandits armés, membres de la redoutable coalition « Viv Ansanm », ont mis la zone sous leur joug, obligeant des milliers de citoyens à fuir. Incendies de maisons, tirs aveugles, population prise au piège dans un climat de peur… Ce n’est plus une simple guerre de gangs, c’est une invasion pure et simple. Et face à cette situation apocalyptique, la réponse des autorités est absente, aussi silencieuse qu’indifférente.
Dans un pays où l’autorité de l’Etat ne semble plus exister, ce phénomène de prise de pouvoir par les gangs devient une réalité quotidienne. Fort-National, autrefois quartier vivant et dynamique, est aujourd’hui un champ de bataille où règne la loi du plus fort. Et qui sont les « plus forts » ? Des groupes criminels organisés, violents et surtout de plus en plus audacieux. Le pire dans cette situation, c’est que la réponse du gouvernement semble être de fermer les yeux.
Les autorités, qui auraient dû être les premières à intervenir, sont manifestement incapables ou, pire encore, peu intéressées à enrayer la montée en puissance des gangs. La Brigade d’Opération et d’Intervention Départementale (BOID), censée être la force d’élite chargée du maintien de l’ordre, est basée à Fort-National. Mais rien. Rien, si ce n’est l’odeur de l’échec. Le silence de la police et des autorités est assourdissant. Comment expliquer qu’à quelques mètres de la base de la BOID, des maisons soient incendiées, des innocents tués et des familles entières contraintes de fuir pour sauver leur vie ?
La question que se posent aujourd’hui de nombreux Haïtiens est simple : Où sont les forces de l’ordre ? Pourquoi l’État, qui est censé protéger ses citoyens, est-il incapable d’éradiquer cette menace grandissante ? Si le pays est à la dérive, ce n’est pas seulement à cause des gangs. C’est à cause de l’incapacité de l’État à gérer cette crise et de sa passivité face à l’effondrement de l’ordre public.
Les habitants de Fort-National, comme ceux de tout le pays, vivent dans un état constant de peur et de désespoir. Ils sont à la merci de ces criminels qui non seulement prennent possession de leurs maisons, mais leur imposent une forme de terrorisme quotidien. Ces hommes armés, véritables seigneurs de guerre des temps modernes, ne se contentent plus de racketter. Ils détruisent des vies, brûlent des quartiers entiers et obligent les civils à fuir. Et pendant ce temps, le gouvernement semble fermer les yeux.
Il est grand temps que le peuple haïtien se pose une question fondamentale : si l’Etat ne peut plus garantir la sécurité, la souveraineté et la paix sur son propre sol, que reste-t-il ? Si l’armée et la police n’interviennent plus face à ces fléaux, qui protégera le peuple ? Il est peut-être temps de se demander si Haïti est encore un État, ou si nous sommes bien dans un territoire abandonné à la loi du plus fort.