Alors que les coups de feu retentissent et que la peur s’empare des quartiers de Port-au-Prince, une violence impitoyable et aveugle continue de dévaster le pays, s’attaquant cette fois aux infrastructures scolaires. Les établissements scolaires, piliers de l’avenir d’Haïti, sont devenus des champs de ruine sous le joug des gangs. En cette semaine de rentrée, censée être marquée par les rires des élèves et la transmission du savoir, les écoles et lycées de la capitale sont déserts, vidés de leur substance. Dans ce climat de terreur, l’espoir semble n’être qu’une chimère et l’avenir des jeunes générations est cruellement compromis.
L’éducation en danger : un sacrifice silencieux
Il ne s’agit pas seulement d’une question d’infrastructures. C’est l’avenir du pays qui est en jeu. Le temps passe, impitoyable, tandis que le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) tente de maintenir une façade de normalité en lançant l’année scolaire 2024-2025 dans des conditions désastreuses. Mais quelle est la valeur d’une année scolaire quand les écoles sont sous le contrôle des gangs, où ni les enseignants ni les élèves n’osent mettre les pieds ? Ce lancement, bien que symbolique, ne peut masquer la réalité d’un système éducatif à genoux, vidé de son âme par une insécurité chronique.
Un pouvoir déconnecté de la réalité
De Jovenel Moïse à Ariel Henry, en passant par Garry Conille, les dirigeants successifs n’ont fait que prolonger un état d’abandon et de résignation face à une violence galopante. Les fondements de la société haïtienne, déjà fragilisés, sont aujourd’hui sérieusement ébranlés. L’éducation, qui devrait être la clé de l’avenir, est reléguée au second plan. Rien n’indique que les pouvoirs en place prennent conscience de la situation. Les promesses de sécurité et de stabilité semblent lointaines, voire irréalistes, dans un contexte où les forces en présence luttent pour reprendre le contrôle des territoires.
Une régression sociale au détriment de la population
À cette spirale de violence s’ajoute une débauche de corruption et d’irresponsabilité qui gangrène les institutions. La classe dirigeante, largement déconnectée des réalités quotidiennes de la population, perpétue un statu quo qui favorise le chaos. Chaque jour, ce sont les plus vulnérables qui paient le prix fort de cette situation insoutenable. Les enfants, privés d’éducation, voient leur avenir hypothéqué, tandis que la société dans son ensemble s’enfonce dans un marasme dont il sera difficile de sortir.
Haïti, riche de son histoire et de son potentiel, semble sombrer sous le poids de ses propres maux. Si rien n’est fait pour rétablir un semblant d’ordre et offrir à la jeunesse une éducation digne de ce nom, c’est tout l’avenir du pays qui s’effondre.