Dans un contexte où la population haïtienne subit au quotidien les affres d’une violence omniprésente, deux figures de la transition – Leslie Voltaire et Frinel Joseph – prennent des distances importantes. En plein chaos national, Leslie Voltaire, président du Conseil présidentiel de transition (CPT), et son conseiller, Frinel Joseph, ont choisi de répondre à des invitations internationales. L’un s’envole vers la Colombie pour un sommet environnemental des Nations Unies (COP16), l’autre vers les Etats-Unis pour les travaux de la Commission de Venise. Ce choix de priorités soulève de nombreuses questions et alimente un sentiment de frustration chez les citoyens.
L’image renvoyée par ces voyages officiels pose de sérieuses questions sur la déconnexion des élites avec les réalités locales. Alors que Voltaire débat de la biodiversité et Joseph de la démocratie à Washington, des quartiers entiers – comme Solino, Tabarre ou l’Arcahaie – tombent sous le contrôle accru de bandes armées. Les habitants sont livrés à eux-mêmes, oscillant entre résilience et peur permanente, dans un quotidien rythmé par la violence et l’incertitude. Cette situation de terreur, qui devrait mobiliser tous les moyens de l’Etat, semble laisser indifférents ceux qui sont censés défendre la population.
Dans une société en crise, les dirigeants doivent-ils vraiment se soustraire à leurs responsabilités locales pour embrasser des causes internationales, aussi nobles soient-elles ? Certes, les échanges diplomatiques sont importants, mais au prix d’une absence totale de solutions pour le peuple haïtien ? Ces voyages donnent l’impression d’une fuite devant l’urgence nationale. Ce choix de partir, de s’éloigner physiquement de l’agitation quotidienne, apparaît pour beaucoup comme une forme d’indifférence déguisée en diplomatie.
En Haïti, la patience de la population est mise à rude épreuve et chaque absence gouvernementale alimente un peu plus la méfiance. Rester sur place, faire preuve de solidarité et d’engagement, pourrait marquer un tournant symbolique, un engagement clair en faveur du rétablissement de la sécurité. Au lieu de cela, l’impression laissée est celle de dirigeants absents et distants, plus soucieux d’entretenir des relations internationales que de répondre aux besoins urgents de leur propre peuple.