En ce 1er novembre 2024, Haïti se trouve à la croisée des chemins entre spiritualité et insécurité. Alors que le pays célèbre la Toussaint, jour férié dédié aux saints de l’Église catholique, une ombre inquiétante plane sur cette journée normalement sereine. Pour de nombreux fidèles, cette date est l’occasion de se rassembler dans les églises, de prier et de réfléchir à la vie des saints, témoins de la foi chrétienne. Mais cette année, la célébration est teintée d’une inquiétude persistante.
La situation sécuritaire en Haïti est devenue si préoccupante qu’elle affecte même les moments de recueillement. Lorsque les Haïtiens se rendent dans les cimetières pour honorer leurs morts, ils doivent naviguer dans un environnement hostile où la criminalité règne en maître. Ce qui devrait être un jour de paix et de recueillement se transforme en une épreuve où la peur d’une agression ou d’une violence inattendue s’installe, altérant l’essence même des commémorations.
Les vodouisants, qui célèbrent également leurs divinités sous le nom de « Gédé », se réunissent ce jour-là pour rendre hommage à leurs ancêtres. Cette tradition, profondément ancrée dans la culture haïtienne, met en lumière une belle mais tragique contradiction : la quête de la paix spirituelle est entravée par un climat de méfiance omniprésent. Les rituels d’hommage aux esprits, au lieu de se dérouler dans une atmosphère sereine, sont souvent teintés d’anxiété, nous rappelant que même la mémoire des défunts n’est pas à l’abri des tumultes du présent.
Malgré les efforts de la Police Nationale d’Haïti(PNH) pour rétablir la sécurité, les résultats se font attendre. Les citoyens ressentent un besoin désespéré de protection, en particulier lors des événements communautaires tels que la Toussaint. Les rassemblements, qui devraient être des occasions de joie et de partage, se transforment en cibles potentielles pour les criminels, laissant les habitants dans un état de vulnérabilité.
Il est essentiel que les autorités prennent des mesures concrètes pour remédier à cette situation. L’insécurité ne doit pas devenir une fatalité, en particulier pendant les périodes qui devraient être consacrées à la célébration et à la réflexion. Les Haïtiens ont le droit de rendre hommage à leurs saints et à leurs ancêtres sans craindre pour leur sécurité. L’engagement des dirigeants à améliorer la sécurité publique est une nécessité impérative pour restaurer la confiance et permettre aux citoyens de vivre pleinement leurs traditions.
À l’occasion de la Toussaint, il est impératif de rappeler que spiritualité et sécurité ne doivent pas être opposées. La célébration de la vie des saints et des ancêtres fait partie intégrante de l’identité haïtienne. Pour que ces traditions perdurent, il est essentiel de créer un environnement où les citoyens peuvent s’exprimer librement, prier en paix et se rassembler sans appréhension. La Toussaint doit être avant tout un moment de joie collective et non un symbole de peur et d’insécurité.