Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) vient de marquer ses six mois d’existence en critiquant sévèrement la Police Nationale d’Haïti (PNH) pour son bilan sécuritaire « insatisfaisant ». Le président du CPT a déclaré que la PNH devait « produire de meilleurs résultats » afin que les citoyens puissent « circuler librement et en toute sécurité sur le territoire national ». Cependant, en exigeant plus de la PNH sans lui donner les moyens nécessaires, la CPT se trompe cruellement de cible et risque d’aggraver une situation déjà précaire.
Il est facile de pointer du doigt la PNH face aux préoccupations croissantes en matière de sécurité publique. Cependant, il faut rappeler que la PNH opère dans des conditions déplorables, avec un manque criant de ressources humaines, logistiques et financières. Depuis des années, les agents de la PNH sont confrontés à une réalité implacable : matériel obsolète, manque de munitions, véhicules insuffisants, manque de soutien médical et psychologique. Ils se retrouvent souvent en sous-effectif face à une criminalité surarmée et mieux financée.
En critiquant la PNH sans proposer de plan concret pour renforcer ses capacités, le CPT ignore les causes réelles de son inefficacité. Si l’objectif du CPT est réellement d’assurer la sécurité du territoire national, pourquoi ne pas s’engager à allouer un budget spécial pour armer, former et soutenir la PNH ? Pourquoi ne pas solliciter l’assistance technique et stratégique des partenaires internationaux pour renforcer notre police ? Mettre la pression sur la PNH sans ces moyens revient à lui demander l’impossible.
Dans des circonstances extrêmement difficiles, la PNH a fait preuve d’un courage inégalé pour protéger la population, même au péril de la vie de ses agents. Ce courage mérite notre reconnaissance et surtout le soutien indéfectible du CPT et de l’ensemble de la classe dirigeante. Plutôt que de dénigrer les efforts de la PNH, la CPT devrait travailler avec elle pour construire une stratégie de sécurité à la hauteur des attentes du peuple haïtien.
En fin de compte, la sécurité ne peut pas être achetée par la seule critique publique ; elle doit être construite par l’investissement, la formation et une collaboration efficace. Si la CPT veut vraiment un Haïti sûr, elle devrait commencer par donner à la PNH les ressources qu’elle mérite pour accomplir pleinement sa mission.