Dans un contexte où la violence gangrène de plus en plus la société haïtienne, le dernier communiqué du Ministère de la Justice, dirigé par Me Carlos Hercule, laisse un goût amer. Alors que les habitants de l’Arcahaie, de Solino, de Tabarre 27 et d’autres zones continuent de vivre dans la terreur des gangs armés, aucune mesure concrète n’a été annoncée pour endiguer cette insécurité galopante. Les autorités semblent avoir d’autres priorités.
Au lieu de proposer des solutions tangibles pour protéger les citoyens ordinaires, le communiqué se concentre sur la protection du Premier ministre Garry Conille et de son cabinet. Une réponse disproportionnée, révélatrice d’une gouvernance qui place ses propres intérêts au-dessus de ceux de la population. Les ressources de l’Etat, déjà limitées, seront donc mobilisées pour renforcer la sécurité d’une poignée d’élites politiques, alors que des quartiers entiers continuent de sombrer dans le chaos.
Il est déconcertant de constater que la protection des dirigeants semble avoir plus de valeur aux yeux de l’Etat qu’à ceux de la population. Plutôt qu’un engagement à lutter contre les criminels qui sèment la mort et la peur, ce communiqué est une promesse vide de sens. Combien de fois le gouvernement a-t-il promis de « mobiliser ses ressources » pour ramener l’ordre dans les zones infestées de gangs ? Chaque jour, des Haïtiens sont victimes de violences, et chaque jour, ces mêmes Haïtiens entendent des promesses qui ne se concrétisent pas.
La question est la suivante : la vie des citoyens d’Haïti a-t-elle moins de valeur que celle de ses dirigeants ? Dans un État de droit, la protection de la population devrait être une priorité. Or, ce gouvernement semble croire que la sécurité d’un Premier ministre vaut plus que celle de millions de citoyens livrés à eux-mêmes, sans défense face à des bandes criminelles agissant en toute impunité.
Le contraste entre les promesses répétées et l’inaction concrète est frappant. Au lieu de faire preuve d’un véritable leadership en s’attaquant au cœur du problème de l’insécurité en Haïti, le gouvernement choisit de se concentrer sur la protection de ses propres membres. Si la situation continue ainsi, il ne faudra pas s’étonner de voir la méfiance et la frustration de la population envers ses dirigeants atteindre un point de non-retour.
Il est temps que les gouvernants se souviennent que leur rôle premier est de protéger et de servir le peuple. Ignorer cette responsabilité pourrait bien avoir des conséquences désastreuses pour l’avenir du pays.