Quatre présumés bandits ont été tués dans des circonstances troubles le samedi 23 novembre dans la commune de Kenscoff, sur la route de Belot. Après avoir refusé de s’arrêter à un poste de contrôle de la Police Nationale d’Haïti (PNH), les hommes à bord d’un véhicule Nissan Pathfinder, immatriculé AA-88424, ont été poursuivis et abattus par la police, avant que leurs corps ne soient brûlés par des membres de la population locale à « Kafoubèt ».
Selon le porte-parole adjoint de la PNH, Lionel Lazarre, joint par téléphone, l’intervention a fait suite à une tentative de fuite des occupants du véhicule face aux instructions des autorités. Parmi les victimes figure un certain Alain, identifié comme un délinquant notoire qui s’était évadé du Pénitencier National lors d’une opération orchestrée par des gangs armés en mars dernier.
Le porte-parole a insisté sur la dangerosité des suspects, justifiant la réponse policière par leur refus de coopérer et la menace qu’ils représentaient.
Ce qui attire l’attention dans cette affaire, c’est la réaction de la population locale. Après l’intervention de la police, les habitants ont pris l’initiative de brûler les corps des suspects. Cet acte s’inscrit dans un climat croissant de méfiance à l’égard d’un système judiciaire perçu comme inefficace.
Ces incidents soulignent l’exaspération d’une population souvent livrée à elle-même face à l’insécurité. Mais ils posent aussi la question des dérives de la justice populaire et des limites du rôle des autorités dans ces situations explosives.
Cet événement se déroule dans un contexte de violence croissante en Haïti. Les évasions massives de prison, comme celle de mars dernier, alimentent la circulation des criminels dans plusieurs régions du pays, aggravant le sentiment d’insécurité.
La PNH, déjà critiquée pour la faiblesse de ses moyens et de ses stratégies, est à nouveau sous les feux de la rampe. Si l’élimination des présumés bandits peut être considérée comme une victoire par certains, la manière dont l’opération s’est terminée soulève des questions sur le respect des droits de l’homme et l’application de la loi.
A l’heure où la population semble de plus en plus prête à se prendre en main, l’incident de Kenscoff illustre les défis auxquels Haïti est confronté : un équilibre délicat entre la lutte contre l’insécurité et le respect des principes de justice et de dignité humaine.
Les autorités doivent redoubler d’efforts non seulement pour rétablir l’ordre, mais aussi pour regagner la confiance d’une population en quête de solutions durables à un problème devenu insupportable.