Quatorze mois après la mise en place du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) suite à l’accord du 3 avril, la société civile Nou Pap Konplis dresse un constat sévère : le processus a échoué. Dans un communiqué de presse publié mardi, l’organisation rejette toute tentative de relance du dialogue autour de cet accord qu’elle juge obsolète, inefficace et délégitimé.
Selon le document, la situation du pays s’est considérablement détériorée. Haïti s’enfonce chaque jour un peu plus dans une crise multidimensionnelle, marquée par une insécurité alimentaire qui touche plus de 72% de la population, selon les chiffres de l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI). Le transport aérien est paralysé depuis plus d’un an, les axes routiers sont contrôlés par des groupes armés et près de 85% de la capitale est tombée sous le joug de gangs qualifiés de terroristes. Le dernier rapport de l’OIM fait état d’un nombre alarmant de 1,3 million de personnes déplacées à l’intérieur du pays.
Le groupe Nou Pap Konplis dénonce également les scandales de corruption qui éclaboussent du CPT, les querelles intestines entre ses membres et la présentation confuse du projet de constitution qu’il juge illégitime. Pour l’organisation, il est désormais clair que les élections et le référendum constitutionnel ne pourront pas avoir lieu d’ici la fin de l’année, malgré les promesses faites.
A 235 jours du 7 février 2026, date censée marquer la fin du mandat de transition, la situation est totalement bloquée, estime Nou Pap Konplis. Pour ses membres, l’échec du CPT est aussi celui de la CARICOM, accusée de complicité morale et d’inefficacité dans son rôle de médiation. En conséquence, le groupe rejette catégoriquement tout nouveau dialogue impliquant les signataires de l’accord du 3 avril ou les anciens médiateurs régionaux.
Face à cette impasse, Nou Pap Konplis appelle à un large consensus national, réunissant principalement des acteurs non signataires, sous l’égide de la communauté internationale et de l’OEA. L’objectif : élaborer un nouvel accord politique limité, axé principalement sur le retour à la sécurité, en vue de l’organisation rapide d’élections et d’un référendum constitutionnel crédible.
Enfin, l’organisation appelle à un nouveau contrat social, plaçant le peuple haïtien au cœur des décisions. Elle exige une rupture nette avec le désordre actuel, fondée sur la justice, la dignité, l’égalité et la sécurité. Le mot d’ordre est clair : mettre fin à cette transition sans fin, ici et maintenant.