Dans un contexte où la sécurité nationale est de plus en plus menacée, le gouvernement haïtien a pris une décision radicale : fermer ses frontières terrestres et aériennes avec la République dominicaine à partir du 7 avril 2025. Cette décision, bien que temporaire, répond à un problème majeur qui affecte le pays depuis plusieurs années : le transit illégal d’armes et de drogues.
En raison de sa position géographique stratégique dans les Caraïbes, Haïti est devenu un point de transit privilégié pour les marchandises illégales, notamment les armes en provenance des Etats-Unis et la cocaïne en provenance de Colombie. Ces flux transnationaux ont créé une crise sécuritaire profonde, alimentant la violence des gangs et exacerbant l’instabilité du pays. La fermeture des frontières avec la République dominicaine est une tentative de contenir ces phénomènes et un geste clair de l’Etat haïtien face à l’ampleur de la menace.
Le commerce illicite d’armes, en particulier en provenance des États-Unis, a fait grimper le taux de criminalité dans le pays. L’armement des groupes criminels a facilité leur emprise sur de nombreuses régions du pays, aggravant le climat d’insécurité. La situation est d’autant plus préoccupante avec le trafic de cocaïne, pour lequel Haïti sert de point de transit pour les cargaisons à destination des Etats-Unis, grand marché de consommation de cette drogue. Ces réseaux criminels, utilisant les frontières poreuses entre Haïti et la République dominicaine, échappaient souvent à tout contrôle.
La décision de fermer les frontières intervient après plusieurs avertissements et appels à l’action de la communauté internationale. Bien que symbolique, elle traduit la volonté de l’Etat haïtien de reprendre le contrôle de ses frontières et de rétablir une forme de sécurité. Le gouvernement espère que cette mesure permettra d’endiguer les trafics de drogue et d’armes, tout en réduisant les violences liées à ces activités.
Cependant, cette fermeture ne résout pas le problème en profondeur. La frontière entre Haïti et la République dominicaine est longue et difficile à surveiller dans son intégralité, et les réseaux criminels pourraient s’adapter en diversifiant leurs itinéraires et leurs méthodes. De plus, la crise interne d’Haïti, notamment la faiblesse des institutions étatiques et la prolifération des bandes armées, représente un défi supplémentaire à la mise en œuvre d’une telle politique.
Il est indéniable que cette décision marque un tournant dans la gestion de la crise sécuritaire en Haïti. Cependant, elle ne produira des résultats tangibles que si elle est accompagnée d’autres mesures ambitieuses visant à renforcer les capacités de l’Etat, à moderniser la police nationale et à lutter contre la corruption. La communauté internationale doit également s’engager plus concrètement à soutenir Haïti dans sa lutte contre la criminalité transnationale.
Ainsi, si cette fermeture des frontières peut être considérée comme une première réponse à une crise urgente, elle doit s’inscrire dans une stratégie globale visant à rétablir la paix et l’ordre dans un pays qui peine à retrouver sa stabilité.