Les images vidéo désormais virales de Sœur Roselande déambulant dans la rue ont suscité une vague d’indignation… mais aussi une hypocrisie flagrante. Une partie de la population, prompte à la présenter comme une victime ou une sainte, est la même qui, hier encore, lapidait publiquement Djoulie, Widiana, Blondedy Ferdinand et bien d’autres. Pourquoi, tout à coup, les règles du jugement populaire changent-elles en fonction de l’identité de la personne exposée ?
Il ne s’agit pas ici de justifier la violence morale que représente la diffusion de vidéos intimes. Cette pratique est abjecte, condamnable et doit être rejetée avec la plus grande fermeté. Ce qui est arrivé à Sœur Roselande aurait pu toucher n’importe qui, un frère, un ami, un parent. Ceux qui partagent ces vidéos sont complices d’un crime qui va au-delà de l’humiliation individuelle : il s’agit d’un viol collectif de l’intimité.
Mais refuser de condamner certains comportements sous prétexte qu’ils émanent de religieux ou de femmes « respectables », c’est participer à l’hypocrisie qui ronge notre société. Il est légitime de dénoncer les dégâts que certaines personnalités publiques causent par leur duplicité, surtout lorsqu’elles prétendent incarner la morale. Les actes de Sœur Roselande ne sont pas moins graves simplement parce qu’elle porte un voile et se fait appeler « Sœur ».
A ceux – pasteurs, journalistes, influenceurs – qui minimisent la situation ou tentent de détourner le regard, une simple question s’impose : seriez-vous aussi indulgents si vos enfants vous disaient demain qu’ils veulent épouser la personne à laquelle vous demandez aujourd’hui à la société de faire confiance ?
L’affaire de soeur Roselande n’est pas qu’une affaire de sexe, de vidéo ou de religion. C’est un miroir tendu à une société profondément contradictoire, qui punit au faciès, protège au titre, et se dédouane en faisant semblant de ne pas voir. Il est temps d’en finir avec cette indignation sélective et d’appeler les choses par leur nom.
Car oui, Sœur Roselande, au-delà du lynchage médiatique que nous condamnons sans réserve, doit aussi assumer les conséquences de ses propres actes.