Le récent tweet d’Emmanuel Vertilaire, conseiller présidentiel en charge de la Justice, de la Sécurité et de l’État de droit, est un parfait exemple de duplicité politique. En affirmant que » rien ne peut entraver la lutte contre l’insécurité « , il tente de se positionner comme le garant de l’ordre et de la souveraineté de l’Etat. Pourtant, derrière ces mots martiaux, la réalité est tout autre : Vertilaire est lui-même mis en examen pour corruption, et son bilan est marqué par des déclarations trompeuses et des promesses creuses.
D’une part, son tweet fait état d’une intervention d’envergure contre le gang de Grand-Ravine, menée par une mystérieuse « Task Force ». Or, les habitants de ces quartiers ne savent que trop bien que de telles opérations sont souvent mises en scène pour donner l’illusion d’un État fort, alors qu’en réalité, les gangs continuent de dicter leur loi. La soi-disant « neutralisation » des criminels et la « récupération » des armes de guerre sont des formules creuses destinées à rassurer une population lassée de l’inaction des autorités.
D’autre part, Vertilaire ne peut prétendre défendre la justice lorsqu’il traîne derrière lui un passé sulfureux. Sa mise en examen pour corruption aurait dû l’exclure de toute fonction publique. Pourtant, il continue d’occuper un poste clé au sein du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Comment prôner l’État de droit quand on est soi-même l’incarnation d’un système où règnent les malversations et les arrangements douteux ?
L’État contre les gangs ou avec eux ? Cette question se pose avec insistance quand on voit les contradictions des pouvoirs en place. Officiellement, Emmanuel Vertilaire et ses collègues prétendent combattre les groupes armés, mais sur le terrain, ces derniers continuent d’opérer sans grande résistance. De nombreux observateurs dénoncent même des complicités au sein de l’appareil d’Etat, où certains hauts fonctionnaires entretiendraient des liens troubles avec ces bandes criminelles. Comment croire alors à tous ces discours sécuritaires quand les actes ne suivent pas ?
La partie la plus révoltante de ce message est la dernière phrase, dans laquelle il proclame que « l’Etat reste le seul détenteur du monopole de la violence légitime ». Si seulement c’était vrai ! En réalité, l’Etat haïtien a depuis longtemps perdu ce monopole, laissant les groupes armés proliférer et dicter leur loi à la population. Vertilaire, comme beaucoup d’autres avant lui, se contente de brandir des slogans sécuritaires sans jamais s’attaquer aux racines du problème.
Les Haïtiens ne sont pas dupes. Ils savent que cette rhétorique n’est qu’une façade destinée à masquer l’échec total d’un gouvernement incapable de reprendre le contrôle du pays. Tant que des gens comme Emmanuel Vertilaire seront aux commandes, l’insécurité ne fera que croître. Ce dont Haïti a besoin, ce ne sont pas de vaines promesses, mais d’actions concrètes et de dirigeants intègres.