Le gouvernement haïtien a transféré lundi 21 avril 2025 70% du montant nécessaire à l’achat d’équipements pour la Police Nationale d’Haïti (PNH), dans le cadre de la lutte contre l’insécurité. La réquisition est en souffrance depuis décembre 2024. Si le geste peut paraître encourageant, il trahit une gestion lente, confuse et inquiétante des ressources allouées à la sécurité nationale.
La société chargée de fournir l’équipement exige le paiement intégral avant la livraison citant Métronome. Cela pose un sérieux problème de confiance et de transparence dans les relations contractuelles. Mais plus grave encore est le fait que, selon des documents consultés par Métronome, l’argent qui devait être consacré à l’équipement de la PNH a été utilisé pour payer des primes et entretenir les véhicules de l’institution. En définitive, on nous vend des chiffres, mais pas de résultats.
Les policiers, qui constituent la première ligne de défense contre la violence, continuent de travailler dans des conditions déplorables. Les primes, parfois versées tardivement, ne compensent ni l’épuisement, ni les risques, ni l’impuissance face à des bandits mieux armés qu’eux. Selon nos sources, aucune compensation n’a encore été reçue pour l’opération de Mirebalais. Cela semble indiquer que les sacrifices consentis par les policiers ne méritent pas la moindre provision budgétaire.
Cette situation est révélatrice d’une chose : il n’y a pas de stratégie de sécurité sérieuse sans une volonté politique forte. Or, tout semble indiquer que cette volonté fait défaut. Les atermoiements administratifs, les détournements budgétaires et les retards de paiement sont les symptômes d’un Etat qui ne protège plus, qui promet sans agir et qui gère l’insécurité avec un cynisme technique.
Il est temps que les autorités cessent de se cacher derrière des chiffres et des communiqués de presse. Tant que le matériel n’arrive pas, tant que les agents ne sont pas soutenus, la guerre contre l’insécurité est perdue d’avance.