Les autorités haïtiennes annoncent fermement une mobilisation budgétaire de 31 milliards de gourdes pour lutter contre l’insécurité. Sur le papier, cette démarche démontre la volonté politique de s’attaquer à la criminalité du pays. Mais cette injection de fonds suffira-t-elle à éradiquer le phénomène de l’insécurité ou ne sera-t-elle qu’une rustine budgétaire sur un mal profond et systémique ?
Le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Patrick Pélissier, a réaffirmé l’engagement du gouvernement dans la lutte contre la violence. A l’occasion de la réouverture du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince à Delmas 75, il a mis l’accent sur les investissements stratégiques visant à renforcer les forces de sécurité.
Un budget de 31 milliards de gourdes a été inscrit au budget rectificatif 2024-2025. De ce montant, 7 milliards seront consacrés à l’acquisition d’équipements stratégiques pour la Police Nationale d’Haïti (PNH), tandis que 4,4 milliards serviront à la modernisation et au déploiement des Forces Armées d’Haïti (FAd’H). Ces fonds, encore en attente de validation par le Conseil des Ministres, s’ajoutent aux 12 millions de dollars déjà investis en mars 2025 dans l’achat d’armements et d’équipements de pointe.
Ce plan financier met en avant une stratégie axée sur le renforcement des capacités physiques des forces de l’ordre. Mais l’argent peut-il à lui seul résoudre la crise ? La sécurité publique n’est pas qu’une question d’armes et de budgets. Le recrutement, la formation, la gouvernance et la lutte contre la corruption au sein des institutions de sécurité restent des questions cruciales.
Le gouvernement affirme qu’il ne cédera aucun terrain aux bandes armées. Cependant, la population attend des résultats concrets. Sans une réforme en profondeur du système judiciaire, une meilleure coordination des services de renseignement et un accompagnement social pour réduire la vulnérabilité des jeunes à l’attrait des groupes criminels, ces milliards risquent de se perdre dans un abîme d’inefficacité.
L’Etat haïtien a-t-il une vision globale et durable de la sécurité ou s’agit-il d’une réaction ponctuelle à une pression croissante ? L’avenir nous le dira. Mais ce qui est certain, c’est que l’argent, s’il n’est pas accompagné de réformes structurelles, ne peut être une solution miracle à l’insécurité en Haïti.