La vie politique haïtienne, déjà marquée par des tensions, a récemment été le théâtre d’une confrontation indirecte mais bruyante entre les partisans du Conseil présidentiel de transition (CPT) et André Michel. Ce dernier, avocat et figure politique de premier plan, n’a pas manqué d’exprimer sa frustration à l’égard du CPT, qu’il juge inefficace, voire totalement défaillant, lors de la réunion du 6 février avec la CARICOM. A cette occasion, il a annoncé que le fonctionnement de cette institution serait au cœur des discussions du prochain sommet des chefs d’Etat de la CARICOM.
Si les critiques d’André Michel à l’égard du CPT ne sont pas nouvelles, elles semblent aujourd’hui brosser un tableau dans lequel son désir d’obtenir un poste au gouvernement semble primer sur toute considération objective de la situation. Rappelons que le Conseil présidentiel de transition, mis en place dans un contexte de crise politique et économique, a pour objectif d’orienter le pays vers des élections libres et transparentes. Cependant, ses détracteurs, dont Michel, le considèrent comme une coquille vide, incapable de mettre en œuvre une véritable transition.
Une question légitime se pose alors : André Michel reproche-t-il réellement au CPT son inefficacité ou s’agit-il plutôt d’une manœuvre politique liée à ses ambitions personnelles ? Celui qui s’est positionné comme un défenseur des causes démocratiques semble en effet chercher une place au gouvernement. A défaut d’intégrer l’appareil d’Etat actuel, il semble opter pour une critique incessante dans l’espoir d’y trouver une place. Ce type de positionnement n’est pas nouveau dans la politique haïtienne, où certains dirigeants sont plus intéressés par leurs ambitions individuelles que par le bien-être collectif du pays.
L’ironie de cette situation est d’autant plus évidente que les critiques d’André Michel ne se limitent pas à la gestion du CPT, mais aussi à son absence de rôle concret dans les négociations de la transition. Alors que des voix de tous horizons appellent à la solidarité pour sauver le pays, certains hommes politiques semblent plus préoccupés par la responsabilisation d’un gouvernement qu’ils accusent d’impuissance. Ce paradoxe met à jour une caractéristique récurrente du paysage politique haïtien : des politiciens plus engagés à critiquer l’absence de postes que la profonde crise sociale et économique dans laquelle le pays est plongé.
La question reste donc posée : André Michel est-il vraiment un critique acharné du CPT, ou un politicien frustré, voire opportuniste, cherchant simplement une place dans un gouvernement actuel qu’il semble incapable d’intégrer autrement que par la critique ? L’avenir nous dira si ses critiques seront suivies de propositions concrètes pour la transition, ou s’il s’agit simplement d’un accès de frustration politique.