Certains membres du Conseil Electoral Provisoire (CEP) dirigé par Conille-Voltaire, encore incomplet selon les exigences de la Constitution de 1987, ont récemment fait sensation en publiant une photo d’eux à Washington. Loin d’une mission officielle, ils ont justifié leur présence par une volonté d’observer le déroulement des élections américaines, spectacle qu’ils ont suivi dans la nuit du mardi 5 novembre 2024. Une initiative surprenante, alors que la situation électorale haïtienne semble loin d’être fluide.
En effet, cette sortie du CEP, à un moment où l’élection présidentielle haïtienne s’annonce pleine d’incertitudes, remet en question la gestion des processus électoraux. Cette sortie à l’étranger soulève plusieurs questions. Si les membres du Conseil Electoral Provisoire peuvent se permettre de s’absenter du pays pour observer les élections d’un autre pays, n’est-ce pas une occasion manquée de résoudre des problèmes internes ? Le fait que le CEP ne soit toujours pas achevé à un moment crucial du processus électoral haïtien soulève également des inquiétudes. Un CEP incomplet qui semble distrait par des événements extérieurs peut-il réellement garantir des élections transparentes et crédibles dans le pays ?
Certains observateurs spéculent même sur la possibilité de reproduire en Haïti un modèle « à l’américaine », où les résultats seraient annoncés bien avant le dépouillement des bulletins de vote. Une situation où les résultats des élections seraient déjà entre les mains des autorités avant même la fermeture des bureaux de vote. Ce scénario, bien que caricatural, rappelle certaines pratiques douteuses observées dans le passé, notamment lors d’élections où des ambassades ou des organisations internationales se sont prononcées sur des résultats avant même qu’ils ne soient officiellement publiés.
Cela pose la question de la légitimité des futures élections. Comment garantir l’intégrité des résultats si les organes censés superviser le processus sont perçus comme biaisés ou distraits par des activités étrangères ? Une élection digne de ce nom nécessite non seulement des institutions pleinement opérationnelles, mais aussi une transparence totale dans la gestion du processus.
Dans ce climat d’incertitude, la confiance des électeurs est essentielle. Or, les agissements récents de certains membres du CEP ne semblent pas rassurer la population haïtienne. La crédibilité de l’institution électorale est mise à mal par ces actions qui, bien qu’apparemment anodines, donnent l’impression que les enjeux nationaux ne sont pas prioritaires.
Dès lors, les Haïtiens sont en droit de se demander si leur démocratie, déjà mise à mal par des années de crise, peut encore espérer une véritable élection, libre et transparente. Alors que l’incertitude persiste, les citoyens se retrouvent à scruter les moindres signes de bonne volonté des institutions, mais aussi à douter des intentions de ceux qui sont censés assurer leur droit fondamental à choisir leurs dirigeants.